Deux ans de la révolution populaire pacifique :
Poursuivre les mobilisations pacifiques et s’unir autour d’un projet politique pour consacrer l’État de droit et la démocratie
Voilà deux ans maintenant que la Révolution populaire pacifique trace la voie d’un changement politique radical en Algérie. Le 22 février 2019 est devenu un repère fondateur dans la longue lutte du peuple algérien pour un État de droit et un nouveau régime civil et démocratique, garant de la dignité, de la liberté et de la justice.
La reprise des marches pacifiques à Kherrata le 16 février dernier est venue démontrer à quel point les Algériens sont résolus à matérialiser ces aspirations et combien l’exigence du changement démocratique est inébranlable.
En effet le Hirak n’a rien perdu de sa détermination face à un régime qui a instrumentalisé la suspension temporaire des marches décidée par les citoyens en mars 2020, en raison de la crise sanitaire, pour durcir la répression et commettre de graves violations des droits humains.
Et si la libération en cours de détenus d’opinion est une nouvelle réjouissante, elle ne remet aucunement en question la continuité de la lutte pour un État de droit. Car sans réhabilitation et dédommagement des détenus victimes de l’arbitraire, sans indépendance de la justice, et sans séparation des pouvoirs, les libertés et les droits des citoyennes et des citoyens restent constamment menacés.
De plus, la gestion chaotique de la pandémie et la dégradation inquiétante de la situation socioéconomique ont davantage renforcé la volonté de rupture avec ce régime illégitime et mortifère.
De ce rejet, le régime ne semble tirer aucune leçon politique, notamment avec l’échec cinglant du référendum sur la Constitution. Pire, il se prépare à organiser un énième simulacre électoral dont le but est de renouveler sa façade et ses clientèles politiques, faisant fi des revendications légitimes du peuple.
Le salut de notre pays n’a jamais été aussi tributaire de l’aboutissement de la révolution populaire pacifique. Le Hirak a dessiné les traits d’une Algérie libre, démocratique, moderne et tournée vers l’avenir, à condition que la souveraineté populaire devienne la fondation d’un nouveau système politique.
À la veille du deuxième anniversaire du Hirak, c’est à tous les Algériens, ceux au pays et à l’étranger, de réunir et mettre en œuvre les actions pacifiques et nécessaires pour imposer ce changement. Nous, membres du Mouvement IBTYKAR, appuyons et prenons part à toutes les formes de mobilisations pacifiques qui tracent la voie d’une transition démocratique ordonnée et indépendante. Tout en rappelant l’importance de respecter les gestes barrière protecteurs.
Parallèlement, nous travaillons avec des forces indépendantes issues du Hirak à la préparation d’un projet national qui traduit de la manière la plus fidèle les objectifs et les exigences de la révolution pacifique. Nous, Mouvement IBTYKAR défendons l’idée que la transition démocratique doit se construire autour des fondements suivants, indépendamment des modalités et des institutions choisies :
L’union nationale du peuple et l’inviolabilité du territoire national.
La souveraineté du peuple sur les institutions politiques. La souveraineté populaire doit être effective à tous les échelons du système politique, des institutions et des textes, en commençant par la Constitution.
Le respect, l’égalité et la garantie des droits humains et des libertés individuelles et collectives, et l’abrogation immédiate de toutes les lois liberticides.
La séparation des pouvoirs dans le cadre d’un État de droit dont l’indépendance de la justice est la pierre angulaire.
Le contrôle démocratique sur l’armée nationale populaire qui est exercé par une nouvelle autorité politique et légitime. Ce contrôle protège l’armée de toutes les interférences dans la vie politique et lui permet de se concentrer sur ses missions stratégiques : la défense nationale et la protection de l’intégrité territoriale.
L’abolition de toutes les institutions et les mécanismes illégitimes et autoritaires, notamment la police politique.
Le respect et la garantie de la diversité humaine, culturelle, linguistique et religieuse de l’Algérie.
La protection et le contrôle démocratique des ressources matérielles du pays et la nécessité d’assurer une justice sociale et un développement durable.
La lutte contre la corruption et les réseaux de captation des richesses.
Mouvement IBTYKAR
21 février 2021
