Au lendemain de la mascarade électorale du 12 décembre, le bilan est sans appel : l’opération de renouvellement de la façade civile du régime, par l’organisation d’un scrutin illégitime et joué d’avance, est un échec total. Le rejet massif des élections par les millions d’Algériennes et d’Algériens mobilisés dans la rue est sans ambiguïté.
Si le régime justifie le passage en force vers des élections par un argumentaire légaliste dépassé, la désignation de son nouveau représentant approfondi le gouffre entre le peuple et le régime, et aggrave la crise politique dont seul le régime porte la responsabilité.
Après avoir ignoré, réprimé et refusé d’accomplir les revendications du mouvement populaire depuis plus de dix mois, le régime appelle au "dialogue". Pourtant, l’artifice du dialogue, mis en avant lors de la mise en place de l’instance de médiation de Karim Younes, avait servi à justifier l’organisation du scrutin du 12 décembre contre la volonté populaire.
Le régime n’a aucune volonté de réaliser les revendications du mouvement populaire.
La répression féroce menée contre des citoyens pacifiques dans plusieurs villes du pays est un signe inquiétant. Le régime espère essouffler le mouvement populaire par la répression policière, la récupération politique et la division de ses rangs. L’objectif escompté est d’intimider les citoyens engagés, vider les revendications populaires de leurs sens, semer la confusion et enterrer toute perspective de changement réel.
Les millions d’Algériennes et d’Algériens n’appellent pas à dialoguer avec le régime. Ils exigent le départ ordonné et pacifique du régime au pouvoir, et l’entrée dans une nouvelle ère politique qui consacre la souveraineté populaire, l’État de droit et la démocratie. Le Hirak devra être attentif à tous les “pseudo-représentants” qui, au nom de la nécessité politique et de la gravité de la crise, pourraient être tentés de jouer le jeu du régime.
Le Mouvement IBTYKAR reste convaincu que la rupture avec le système politique actuel n'est pas une option mais une nécessité. Le véritable changement passe par une transition démocratique durant laquelle des institutions et des mécanismes viables permettront de faire émerger une Algérie démocratique.
Nous condamnons sévèrement la répression féroce contre les citoyennes et citoyens pacifiques et exigeons l'ouverture d'une enquête sur les violences commises depuis le 12 décembre 2019.
Nous appelons les citoyennes et les citoyens à rester mobilisés d’une manière pacifique dans le mouvement populaire.
Nous appelons également les forces démocratiques et patriotiques, conscientes des enjeux auxquels l’Algérie fait face, à ne pas tomber dans l’écueil du dialogue, et à converger nos efforts autour d’une offre politique cohérente et consensuelle sur la base des revendications légitimes du peuple algérien.
Le Mouvement IBTYKAR 18 décembre 2019