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Pour une deuxième République, démocratique et citoyenne


Cet article, le premier d’une série pour cette année de la Démocratie, étudie la citoyenneté à travers notre constitution et son article premier, qui indique que « l’Algérie est une République Démocratique et Populaire ».

A la première lecture, tout est dit, nous sommes une République, une démocratie donc, nous sommes des citoyens pouvant exercer nos droits dans la cité.


Mais analysons cet assemblage qui annule la citoyenneté au lieu de la renforcer.


La citoyenneté est le droit d’appartenance des individus à une entité politique reconnue: l’État-nation. C’est une forme d’organisation juridiquement établie sur la base d’un pouvoir légitime et d’une nation reconnue.


La démocratie est donc une forme de régime politique de l’état nation, elle tire son origine dans la cité d’Athènes au 6è siècle avant JC où le peuple (Demos) prit le pouvoir (Cratos).


On peut donc indiquer que la démocratie est la Liberté pour un citoyen d’intervenir dans la vie et la politique de la cité. D’après l’article 1er de notre constitution, nous algérien(nes)s avons le droit et la liberté d’intervenir dans le destin de notre cité.

Mais nous savons qu’il n’en est rien et que nous n’avons jamais eu de droit de la pratiquer.


L’élection de l’an prochain, comme les précédentes, ne sera qu’artifice et nos institutions valideront cette élection comme toutes les autres avec un certain discours faisant fi du citoyen algérien.


Le peuple algérien est devenu spectateur de son propre destin.


Comment en sommes-nous arrivé là ? Quels ont été les mécanismes qui nous ont conduits dans cette impasse, dans cette crise multidimensionnelle, dans ce détachement de chacun? Comment en sommes-nous arrivé à cette dépossession de notre destin ?

Pourquoi au sortir de notre guerre de libération coloniale, avons-nous opté pour une République Démocratique et Populaire ? Cette phrase de redondance pléonastique est bien notre mal car elle neutralise le sens premier du mot république.


La démocratie ré-agence le rapport du citoyen à l’objet politique en l’essentialisant dans la prise de décision politique.


En Algérie, la dynamique démocratique et citoyenne n’a jamais existé. Une idéologie tout autre a été véhiculée, orientant les algériennes et les algériens vers une citoyenneté régionale, les détournant ainsi de leur citoyenneté nationale.


L’État algérien nous a toujours considéré comme des immatures, nous plaçant hors du jeu de notre nation et de sa gestion.


Et c’est bien le sens de cet article 1er : « République démocratique et populaire » est une aberration sémantique car par essence une république est démocratique (généralement) et par conséquent elle est l’affaire de tous les citoyens (peuple).

Nous, peuple algérien avons cru à cette construction car comment pouvions nous imaginer être trahi par ceux qui ont participé directement ou indirectement à notre libération.


Nous avons été bien naïfs car nous avons oublié qu’ils étaient motivés par leurs intérêts particuliers uniquement, au détriment du peuple, de ses paysans, de ses ouvriers, ceux-là même qui suivaient aveuglement les éclaireurs de cette Algérie libérée.


Avoir été dupé volontairement est plus qu’une trahison car nous avons cru en cet article.

Mais au lieu de renforcer notre liberté, notre citoyenneté, cet article proclamait notre enchainement et nous effaçait démocratiquement.


Cette première lecture ne doit pas faire abstraction de l’origine et de la destination de cette phrase, car en l’analysant, elle devient la pierre angulaire de la crise identitaire que traverse l’Algérie et révèle bien la problématique démocratique du citoyen algérien.


Cette notion de République démocratique et populaire était utilisée par les ex-pays du bloc soviétique, les pays de l’Est et certains pays africains. Et comme disait Lénine et Staline, que « la dictature du parti est une dictature de la majorité du peuple sur la minorité, est d’autant plus facile à établir que le peuple n’est pas la population mais seulement l’ensemble de ceux que le parti reconnait comme étant de ses éléments ».


Tout est donc dans cette phrase, la dictature est un régime qui méprise ses ennemis et ces ennemis sont ceux qui s’opposent à elle contestant son autorité et sa légitimité.

Chaque citoyen est donc supposé libre tant qu’il ne remet pas en cause le parti, chez nous le FLN au sortir de la guerre.


Le FLN, parti de la lutte, parti d’après la libération, parti unique, impliquait l’obéissance à l’unité du parti et par conséquent à l’unité du pays. Comme le disait Lénine, « c’est au nom de l’impératif de l’unité de la volonté garant de l’efficacité ».

En écartant de l’Algérie les droits des classes exploiteuses, qui étaient désignées comme l’ennemi du peuple, l’affirmation du caractère démocratique du régime ne pouvait pas être démentie, sinon par des groupes d’individus qui se seraient auto exclus du peuple.


On constate donc qu’à ce stade, il convient de redéfinir le rapport entre le peuple algérien et la démocratie. Actuellement ces termes de démocratie et de citoyenneté sont des coquilles vides pour plaire au monde extérieur. Il est convenu que le citoyen algérien n’a aucun droit définit par la convention des droits de l’homme, signé par l’Algérie, qui définit :

• Article 18 : liberté de pensée, de conscience et de religion,

• Article 19 : liberté d’opinion et d’expression

• Article 20 : liberté d’association et de réunion,


Rappelons que, la FIDH a mis en cause à plusieurs reprises l’Algérie dans le non-respect des droits humains en indiquant que : « le cadre institutionnel algérien est non protecteur des droits de l’homme ».


Dans l’un de ses rapports officiels, elle pointe les interdictions et les restrictions des libertés comme :

• Restrictions de la liberté d’association,

• Liberté d’expression,

• Interdiction de se réunir et de manifester,

• Harcèlement et répressions exercées à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme.


En réponse, nos Ministres de la Justice, avec aplomb comme pour s’en convaincre, répondent comme en octobre 2017 : « les chartes et traités internationaux portants sur les droits humains sont respectés en Algérie ».

Quel mensonge, quel mépris des algériennes et des algériens, quel mépris de l’Algérie !


Le préambule de la déclaration universelle des droits de l’homme, confirme que les états signataires, doivent protéger par un état de droit les libertés des citoyens afin que les hommes et femmes ne soient pas contraints.

Pour paraître démocratique et respectueuse des droits de l’homme, l’Algérie porta sa signature sur d’autres textes défendant les droits humains, comme : la Charte arabe des droits de l’homme, charte africaine des droits de l’homme et des peuples, etc…


Ces textes n’ont aucune valeur car leurs signataires, aux yeux du monde, violent les droits de l’homme de manière quotidienne.


Alors pourquoi, avoir tant insisté sur les éléments d’affichages de citoyenneté et de démocratie ?


Car la démocratie au sens de Cratos (pouvoir) n’existe que pour les éléments de la Matrice. Nous, peuple, vivons dans une dictature qui a pris le peuple algérien en otage depuis un demi-siècle, à commencer par nos héros de la révolution qu’ils n’ont pas hésités à éliminer physiquement.


Depuis notre indépendance, de par notre ignorance et notre naïveté, nous avons cru en la définition de République Démocratique et Populaire.

Cette notion est vraie pour les enfants de cette nomenclatura, ils vivent bien dans une matrice démocratique et populaire car toutes les décisions, élections, se font par des échanges, des votes entre eux et chaque composante de cette matrice est régie par des règles d’obéissance définies par eux et pour eux.


En conclusion, l’Algérie se trouve dans une période où bien d’autres pays se sont trouvés avant elle. Mais contrairement à ces derniers qui ne se cachaient pas d’être des dictatures ou des aristocraties, nos gouvernants, dirigeants s’habillent de costumes de démocrates et utilisent des phrasés intelligents alors qu’ils ne sont que des aristocrates et des dictateurs.


Ces habits de démocrates leur permettent donc d’usurper les algériens et les instances internationales. Ne nous y trompons pas, nous algériens avons mis plusieurs décennies à comprendre leurs règles, et leurs objectifs.


Le peuple, lui, a eu du mal à se réveiller car il n’est pas dans nos traditions de remettre en cause un régime qui utilise à tout vent les mots de démocratie, de république, de citoyen, etc…alors que celui-ci n’est qu’une dictature sous le soleil depuis 1962.

Ne nous y trompons pas, ce régime existe depuis notre indépendance. Les ressources générant les rentes n’avaient pas les mêmes proportions à l’époque, le prix du baril est passé de quelques dollars à 120, et c’est cette flambée du baril qui a fait revenir aux affaires Bouteflika et qui a attiré avec lui tous les opportunistes sans conscience déclassant l’Algérie dans tous les domaines.


Il dépend maintenant du Peuple que ce régime disparaisse et avec lui ses méthodes dignes de clans mafieux.


Pour cela, nous devons commencer par récuser l’article 1er de notre constitution tant que nous ne sommes pas une République qui place le citoyen algérien au centre des décisions de la nation algérienne.


Nous IBTYKAR appelons à la Deuxième République Algérienne. Notre maturité doit nous faire tourner la page de cette dictature qui a usurpé les habits de la république.

Les Institutions, ainsi débarrassées des polluants de la Matrice, pourront exercer leur rôle en toute indépendance et dans l’unique intérêt de la nation algérienne conformément aux libertés des droits humains.


Les défis nombreux qui nous attendent, et que nos dirigeants incompétents n’ont pas su relever, ne nous permettent plus de perdre de temps, il nous faut agir maintenant pour que cette nation algérienne, fragilisée par l’histoire, puisse, enfin, construire son avenir.

Seule la démocratie, par l’égalité qu’elle confère aux citoyens permettra d’envisager un avenir meilleur pour nos enfants et replacer l’Algérie au cœur des nations.


Le citoyen deviendrait alors Maître du destin collectif, et renouera ainsi avec les idéaux de notre libération. Auteur : Mahfoud Boulaghlem, Membre du Conseil Stratégique du Mouvement IBTYKAR

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